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Oriane Thomasson

Paradis

Du 26/01/2024 Au 24/02/2024

CAFE – CROISSANT

DIMANCHE 28 janvier 10 h – 13 h 

L’étrange beauté d’un conservatoire

Pour reprendre un concept de Michel Foucault, on pourrait avancer qu’un espace d’exposition, d’autant plus lorsqu’il est consacré à un travail artistique proposant une cartographie sensible du paradis, est une hétérotopie, territoire concret où offrir à l’imaginaire le plein déploiement d’une puissance construisant une utopie. Oriane Thomasson invente un lieu relevant à la fois du cabinet de curiosité d’un explorateur émerveillé et du laboratoire d’un chercheur rigoureux. La force visuelle de la série Paradis provient de l’hétérogénéité des images, issues de prise de vues réalisées aussi bien à l’argentique qu’au numérique, associant noir et blanc et couleur.

Déjouant les pièges du naturalisme, Oriane Thomasson situe son regard à la lisière de la présence sensuelle des éléments qu’elle rassemble, et de l’artificialité des conservatoires n’accueillant des objets précieux ou patrimoniaux que pour en souligner inconsciemment l’irrémédiable solitude. Paradis n’est pas une arche de Noé mais une cosa mentale ouverte à la multiplicité des registres, des paysages enluminés aux signes mettant en doute, par leur dimension onirique, la validité de la stricte preuve scientifique.Nous séjournons chaque jour davantage dans un parc d’attraction géant – il peut être cauchemardesque – où notre égarement ne nous permet plus de distinguer entre réalité et artefact.

Mais, Oriane Thomasson nous le rappelle, le simulacre n’est jamais que la gangue sophistiquée du sauvage et de l’indompté. Nous sommes égarés dans une forêt équatoriale où les dinosaures n’ont pas totalement disparu, où les couleurs sont des chemins de jouissance, et où la nature ne cesse de se réinventer. Il faut basculer dans la fécondité de ce Paradis où les trompe-l’œil sont des portes ouvrant sur de subtiles correspondances et des enchantements nouveaux.

 

Fabien Ribery