Micha Deridder
Avec Micha Deridder tout commence par un fil, un amas de poussières, une petite observation, une graine d’idée débusquée au fond d’un tiroir ou au fond de sa tête. Et ça se met à germer, à vivre, à se développer, à prendre forme, à se multiplier, à déborder parfois. Elle détricote, déroule, désarticule, opère, déclasse pour ensuite emboiter, recomposer, embobiner, tisser, métisser, hybrider, générer de nouveaux mondes, libres, poétiques, colorés.
Micha récupère, collectionne, accumule dans son atelier tout un fatras de matériaux qui portent en eux une force, une mémoire, une résonance, un appel, un chant qu’elle capte, perçoit. Ce sont les graines des futurs projets, les déclencheurs qui portent en eux les métamorphoses que l’artiste révélera. Tissus, laines, coquillages, pierres, perles comme autant d’atomes, de cellules, de chairs qu’il faut réagencer, revitaliser, réenchanter.
Peintre, sculptrice, styliste, performeuse, Micha Deridder échappe aux cloisonnements simplistes : elle crée, active des dispositifs, porte des projets participatifs, se laisse entrainer par les idées qui la traversent, par les espaces qu’elle investit, par les cellules de son corps, par l’agilité de ses mains et de ses doigts. Telle une méduse, elle est entrainée par les mouvements marins, lunaires, elle change de forme, de densité et de couleur, plonge loin dans les profondeurs océaniques, se charge, s’électrise, vibre.
Telle une méduse, telle une planète, elle suit des cycles complexes, dans ses mutations, ses rêves ses mouvements, procédant par contaminations successives, par mutations, développant, séries après séries, les petits mondes dans lesquels habiter différemment devient possible.
Clémence Didion
Elle a un regard rêveur au fil du temps. Elle a construit et modélisé une atmosphère introspective. En marchant sur des chemins différents, elle a développé un monde qui n’est ni fermé ni achevé, un monde où tout semble figé comme s’il était là exprès pour être admiré. Fantômes et fantasmes s’entremêlent : âmes retirées et fantômes restent hantés dans certaines pensées, certains passés. Regard sans genre dans ce monde arrêté ou retardé. Des êtres interchangeables, sans identité. Ils passent lentement d’un côté de la toile à l’autre. Ce sont des éléments interchangeables. Ils dépeignent des souvenirs obsédants. Un monde étrange qui s’articule autour de structures grossièrement peintes et de squelettes organiques qui équilibrent les différentes compositions. Malgré la paix et l’ordre qui y règnent, cet environnement est à l’image de celui de son créateur, loin d’être paradisiaque et idyllique. C’est l’entropie qui naît des idées fécondes de Clémence et qui nourrit ses compositions. Cycles immobiles. le temps pour nos yeux d’apercevoir les yeux géants dessinés dans une brume colorée. Comme dans un dessin animé, ils communiquent avec des fils et des tuyaux qui s’emboîtent. Ils s’embrassent avec des langues raides et fixent des objets sans nom. L’absurdité à son meilleur.